21 oct. 2017

#metoo #balancetonporc



Bien sûr, depuis quelques jours,
j'en ai vu passé des #metoo et des #balancetonporc...
comme tout le monde, je suppose,
difficile de passer à côté quand on surfe sur le net !


Et je m'étais dit qu'il était inutile de rajouter le mien...
surtout concernant le #balancetonporc car je n'ai pas de nom à citer...
et je ne l'aurai pas fait même si j'en avais eu !

Sauf que ce matin, sur Facebook,
la publication de l'un de mes cousins m'interpelle
et, alors que je n'avais pas prévu d'écrire, me voilà à le faire !




Féminisme, guerre des sexes, décence (des hommes),
perversité des femmes [...] sournoise...

Comment me taire devant ça ? Je ne peux pas...

Je ne vois pas en quoi cela est "féministe" :
tout ce qui traite des femmes n'est pas du féminisme !
Ce n'est pas non plus une bataille de la "guerre des sexes",
c'est juste mettre en avant des comportements qui semblent normaux pour certains
et qui ne le sont pas !
Et je dis bien "pour certains", car il n'a jamais été dit que tous les hommes étaient des porcs !


Quand à la décence des hommes de ne rien dire,
en opposition à ces femmes qui ont osé dénoncer des faits anormaux,
j'ai juste envie de vomir...
Ces femmes sont donc indécentes ? C'est le monde à l'envers !

Par ailleurs, personne n'a interdit aux hommes de parler d'actes tout aussi anormaux !
Et terminer par la perversité sournoise des femmes...
je pense que la sournoiserie peut aussi bien s'appliquer à un homme qu'à une femme,
y'en a marre de dire "ça c'est plutôt féminin, ça c'est plutôt un trait masculin",
non mais crotte de carotte à la fin !

Alors j'en arrive à faire mon #metoo aussi,
à cause de toi cousin...


Oui, il y a des gestes déplacés, des mots, régulièrement :
j'en ai subi, à plusieurs reprises...
certains m'ont marqué, il y en a d'autres que je n'ai pas retenu...
et je n'ai jamais su comment réagir !
Et je crois que c'est ça le pire... on sait que ce n'est pas normal,
mais que peut-on faire, finalement ?
J'ai réagi une fois, et j'ai terminé avec un cocard...
Je tiens aussi à préciser que, personnellement, je fais une différence entre harcèlement et viol :
je ne mentionne donc ici que ce que je considère être du harcèlement,
peut-être qu'un jour je ferais un article sur le viol...


Du coup, voici ma liste de #metoo :
tout n'est pas là, j'ai opté pour une demi-douzaine,
mais ça montre une partie de ce que l'on peut subir,
une seule personne, pas spécialement jolie en plus !
L'ordre chronologique n'est pas forcément respecté

- 1 -
J'avais douze, treize ans, très complexée sur plein de points,
notamment sur ma bouche (qui reste d'ailleurs mon grand complexe).
On était en vacances, un pote d'été à ma grande sœur balance :
"nan mais ta sœur, elle a une sacrée bouche à pipe !!"
Non,je n'ai pas pris ça comme un compliment, du tout...

- 2 -
J'attendais ma mère près d'un rond-point, j'étais en jupe :
une jupe légère, au dessus du genou, que j'avais faite avec ma mère, j'en étais très fière !
Un mec passe en voiture, ralentit, et dit "c'est combien ???"
Certes, c'était sûrement "pour rire"...
Je n'ai pas ri.
Je ne porte quasiment plus jamais de jupe.
(Allez, une ou deux fois par an, et pour des occasions spéciales)

- 3 -
J'allais voir mon petit copain, j'avais 15 ans, je m'étais fait belle pour l'occasion...
Deux mecs avec des drapeaux passaient sous les arcades,
peut-être une victoire de match de foot, ou je ne sais quoi.
L'un m'a attrapé, m'a plaqué au mur, et m'a embrassé,
avant de repartir en fanfaronnant avec son pote...

- 4 -
C'était les vacances, j'étais seule dans le bus,
qui était à l'arrêt en attendant son heure de départ.
Le chauffeur est venu s'installer à côté de moi, pour discuter ;
il m'a pris la main et l'a posé sur sa cuisse (et j'ai pas senti que sa cuisse).
Je me suis levée en bredouillant je ne sais plus quoi,
je suis partie de la gare de bus le temps qu'il décolle et ai pris le bus suivant !
C'est un chauffeur qui faisait régulièrement des réflexions aux filles
quand elles montaient dans le bus... et il a du faire la même chose à beaucoup d'autres...
(et je ne l'ai pas dénoncé, alors que j'aurai du...)

- 5 -
J'avais 17 ans, c'était la veille de mon oral de français.
Je marche tranquillement dans la rue commerçante de ma ville :
un homme me regarde de haut en bas, mais vraiment un regard déplacé.
J'étais dans ma période punk-grunge donc jean troué, logo "anarchie", converse... rien d'attrayant en plus !
J'ose lui dire "merci de ne pas me regarder comme ça, je ne suis pas un morceau de viande".
Il me répond "je fais ce que je veux" et me frappe en plein visage.
C'était en pleine rue, en pleine journée, il y avait du monde :
personne n'a réagi, n'est venu me voir... double humiliation...

- 6 -
J'avais la vingtaine, je rentrais du boulot, j'étais dans le tram.
Pas de place assise dispo, je me mets au centre, debout, contre la petite barre "cale-fesses".
Un couple avec un enfant en bas âge dans une poussette se trouve à côté de moi :
l'homme passe sa main derrière moi, discrètement, et me touche le haut des fesses.
Je me décale légèrement, il récidive... ça dure deux-trois minutes...
Je croise son regard, essaie de faire passer un message, il me sourit...
Mince quoi ! Il avait une femme, un enfant, et il a fait ça !
Et moi je n'ai pas osé faire un esclandre...


Vu que je n'ai choisi que 6 anecdotes, j'ai zappé tous les faux compliments
que toute femme a entendu je pense,
du "vous êtes jolie mad'moiselle", "t'es célibataire" au "je te foutrais bien dans mon lit"...
Parce que, si de temps en temps, c'est flatteur de s'entendre dire qu'on est jolie,
c'est pas forcément normal de dire ça à une inconnue...
Et désolée, je vais peut-être en faire sortir de leurs gonds, mais pour moi,
ce sont des phrases déplacées, mais pas du harcèlement si c'est une seule phrase, sans suite.



Après, j'ai de la chance car je n'ai connu aucun harcèlement
ni sur mon lieu d'étude, ni au sein des différents boulots
que j'ai fait.
De l'humour lourdingue de quelques collègues, oui,
mais c'est là où il ne faut pas se tromper :
il y a des gens lourds, pas très fins, qui ont des réflexions débiles,
mais si on identifie bien l'individu, on sait, dans ces cas précis,
que ce n'est pas du harcèlement.

Bref, voici un témoignage de plus,
et si effectivement les prochaines générations pouvaient être un peu plus tranquilles,
ce serait bien...

#metoo

(j'adore ce hashtag, ça me rappelle que je me faisais engueuler par mes profs d'anglais quand j'employais cette expression... "So do I" qu'il fallait dire... apparemment, c'était pas si incorrect ?!)







2 commentaires:

  1. C'est dingue qu'on est toutes subies ce genre de comportement, surtout quand on est jeune fille. Et on est savait jamais quoi répondre !
    J'ai des filles et comme elles vont subir la même chose (je ne me fais pas d'illusion), je vais leur apprendre à répondre à ces porcs.

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    1. Oui, c'est vraiment affligeant de voir à quel point c'est commun... J'espère que tes filles ne subiront pas trop ça (j'aimerai dire "pas du tout", mais je pense que c'est encore un peu tôt pour y croire) et tu as raison de leur apprendre !
      J'ai la chance d'avoir un travail où je participe à la construction morale des enfants (je suis bibliothécaire) : du coup, on aborde des différences, du racisme, des droits, du rapport à l'autre... et j'espère que tout ça portera petit à petit ses fruits, couplés au travail des parents, des enseignants, et de tous ceux qui entourent ces petits êtres !

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